Madagascar : Rajoelina dénonce la tentative illégale de « coup d’Etat »

Des militaires ont rallié les manifestants contre le président Rajoelina, créant une situation politique incertaine. La crise politique à Madagascar a pris une nouvelle dimension ce week-end avec le ralliement de militaires aux manifestations contre le président Andry Rajoelina.

Dans un communiqué publié ce dimanche matin, la présidence malgache a dénoncé « une tentative de prise de pouvoir illégale et par la force, contraire à la Constitution et aux principes démocratiques ». La situation reste confuse dans la capitale, où il est impossible de savoir où se trouve exactement le chef de l’État, Andry Rajoelina. La présidence affirme qu’il se trouve « toujours sur le territoire national » et qu’il « continue d’assurer la direction des affaires nationales en collaboration avec le Premier ministre ».

Le basculement militaire

Samedi après-midi, un contingent de l’armée stationné sur la base du Capsat (Corps d’armée des personnels et des services administratifs et techniques) a lancé un appel à la désobéissance. Dans une vidéo devenue virale, des officiers ont exhorté les forces de sécurité à « refuser les ordres de tirer sur la population ». « Unissons nos forces, militaires, gendarmes et policiers, et refusons d’être payés pour tirer sur nos amis, nos frères et nos sœurs », ont déclaré les soldats. Cet appel a été suivi d’effet dans l’après-midi, lorsque des véhicules transportant des militaires armés ont rejoint des milliers de manifestants rassemblés dans la zone du lac Anosy, dans le sud d’Antananarivo. Le colonel Mickaël Randrianirina, l’un des officiers à l’origine du mouvement, s’est adressé directement aux autorités :

« À tous ceux qui ont envoyé les gendarmes ici, à commencer par le commandant de la gendarmerie, le ministre de la gendarmerie, le Premier ministre, le tout nouveau, et le président de la République : qu’ils quittent le pouvoir ».

Face à cette situation inédite, les différentes institutions tentent de se positionner. La gendarmerie nationale, vivement critiquée pour son usage de la force contre les manifestants, a publié une déclaration assurant : « Nous sommes là pour protéger et non pour terroriser ». Ses plus hauts gradés ont reconnu « certains abus » au sein de leurs troupes et affirmé avoir pris des mesures. Le nouveau Premier ministre, Ruphin Zafisambo, nommé le 6 octobre dans l’espoir d’apaiser la crise, s’est exprimé dans une « très courte allocution de moins de quatre minutes ». Il s’est dit « prêt à écouter les jeunes, les syndicats et les militaires » et a appelé ses « confrères militaires à éviter de s’entretuer ». La police nationale a pour sa part réaffirmé son engagement envers la population, tout en interpelant les responsables sur les conditions de vie et de travail des forces de l’ordre.

La crise s’enlise

Ces développements interviennent après 17 jours de manifestations initiées par le collectif Gen Z. Ce qui avait commencé comme une colère contre les coupures d’eau et d’électricité s’est transformé en une fronde plus large contre le pouvoir du président Rajoelina, âgé de 51 ans. Selon des médias locaux, les services de secours font état de deux personnes décédées et de 26 blessés lors des manifestations de samedi. Des journalistes de l’AFP ont entendu des coups de feu pendant la manifestation, et des tirs et explosions étaient encore audibles dans le centre de la capitale à la nuit tombée.

La situation a des répercussions au-delà des frontières malgaches. La compagnie Air France a suspendu ses vols vers Madagascar jusqu’à lundi, en raison de l’incertitude qui règne sur la Grande Île. Les manifestants, eux, restent déterminés. Comme le résumait Benja, un travailleur indépendant présent sur la place du 13-Mai : « Cette manifestation est appuyée par une partie de l’armée, par beaucoup d’influenceurs et par le monde entier. On en est fier ». La journée de dimanche s’annonce décisive pour l’avenir politique de Madagascar.

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